Les objectifs de cette recherche qui m’ont amenée ici dans le corps du Web, sont de trouver une forme artistique entre la forme informative et la forme narrative, et d’utiliser Internet comme lieu d’existence et de diffusion de ce ré-agencement. Je recueille des informations et des témoignages sur le Web et je les rediffuse sous la forme d’un assemblage de sites web. Je m’intéresse aux notions de voyage et de déplacement des migrants (réfugiés ou demandeurs d’asile) en Europe, opposés aux voyages touristiques.

Je souhaite deux choses. Je tiens à faire apparaître l’ambiguïté de notre rapport au voyage, au déplacement (aventure/liberté pour certains et nécessité/angoisse pour d’autres). Deuxièmement, je me demande ce qu’est la reconstitution de l’histoire du demandeur d’asile et du réfugié à travers le Web. Je cherche à déplacer cette reconstitution, pour lui donner une nouvelle visibilité. La transposition de la parole politique et activiste dans le domaine de l’art offre une autre façon de voir la question des demandeurs d’asile en Europe. Au lieu d’être dans la première sensation de l’injustice ou du désespoir, le public est invité, par le biais du site Web et de ses différentes pages, à suivre une forme de récit, ou une forme plus informative, par une sorte de collage. Cela déplace le visible ainsi que le politique. Ces pages contiennent un assemblage d’informations administratives, de faits politiques et de définitions, de documents, avec des bribes de textes poétiques et philosophiques, des bouts de vidéos, des images. Le contenu est issu de sites très différents : sites officiels de lois, blogs, et sites «activistes», ce qui me donne une vue d’ensemble. Je trouve aussi des témoignages directs, presque sans filtre, car c’est une des caractéristiques du Web de permettre d’écrire ce que nous pensons et d’afficher notre « vie » pour le meilleur et pour le pire. Témoignages, réflexions, interviews, dialogues sur les blogs, cette utilisation, allant même jusqu’au journal intime, rend les frontières de l’intime et du public perméables, et efface les limites géographiques (dans ce projet, les frontières de l’Europe) et les limites que les gens rencontrent par rapport à leur vie (ici, les demandeurs d’asile vs. les lois).

D’autres projets artistiques et non-artistiques, tournant autour de la question de réfugiés/migrants, sont, via le Web, localisés dans un lieu où ils ont le droit d’exister et de se manifester. J’appelle ce lieu le 3e lieu [voir chapitre 02]. Je donne aussi des exemples de projets liant le Web et les migrants [voir chapitre 06].

À partir d’un texte assez critique sur le Web Art de Josephine Berry, se construit une réflexion, prenant la forme de blog fictif, qui fait répondre commentaires et morceaux de textes, à l’article de Josephine Berry. À mes propres écrits se greffent les commentaires d’auteurs, philosophes, artistes et autres penseurs du Web. L’approche se fait, en continuation du texte de Berry, à partir du changement de la société avec le Web, et à partir de l’Art et ses possibilités avec le Web.

Si le texte de J. Berry est de 2000, ses réflexions, espoirs et inquiétudes vis-à-vis du Web sont des sentiments très actuels en 2009, mais il est important de noter que avec l’apparition du Web 2.0, quelques extraits du texte de Berry ne sont plus d’actualité. Le web a beaucoup évolué et les réseaux sociaux et les applications sont bien différents aujourd’hui qu’il y a 8 ans.

Ce qui est apparu avec le Web 2.0 est essentiellement la mise à jour fréquente des sites, son utilisation interactive et son exploitation des réseaux avec ou sans réel rendu visuel et interactif de pages web. Dans le Web 2.0, l’internaute est acteur. Il contribue à alimenter en contenu les sites, blogs, wikis... Le web était avant le Web 2.0, considéré principalement comme un outil de diffusion et de visualisation de données, où des aspects comme le nombre de pages vues et l’esthétique revêtaient une très grande importance.

Quand j’emploie le mot Net, je fais référence à l’Internet, réseau informatique mondial qui rend accessibles au public des services comme le courrier électronique et le World Wide Web. J’utilise la notion de web (inventé en 1989) pour le système hypertexte public fonctionnant sur l’Internet et qui permet de consulter, avec un navigateur, des pages mises en ligne dans des sites. L’image de la toile vient des hyperliens qui lient les pages web entre elles. Le Web n’est qu’une des applications de l’Internet. D’autres applications de l’Internet sont le courrier électronique, la messagerie instantanée, etc. C’est dans cette notion du web que je sous-entend son utilisation en 2009, c’est à dire, sa version Web 2.0.




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